Par ‘tite goutte, en « revisite »
à Kaya
Et oui, ‘tite goutte est de retour à
Kaya début février ! Une semaine pour découvrir les joies de l’enseignement
burkinabé… Elle a pu suivre des cours au séminaire, bien sûr, mais aussi dans
les deux collèges-lycées publiques de Kaya ainsi que dans l’école primaire où
travaille Wendlasida, dans un village environnant. Mais ne vous y trompez pas …
elle n’a pas fait que bosser : promenade au barrage, rencontre avec les
scouts, visites des amis et week-end à Dori ont aussi agrémentés son
séjour !
Le vendredi après-midi, elle a suivi un
cours de 3ème au lycée provincial, dans la classe d’Odette et Odilon … elle
vous le fait partager :
Il est
7h30, la cloche sonne. Les 80 élèves de 3ème A, vêtus de leur uniforme,
rentrent dans leur salle de classe. Chacun trouve une place parmi la trentaine
de tables-bancs.
Dès
l'arrivée du professeur les «causeries» des élèves cessent et immédiatement deux
élèves se lèvent, l'un va essuyer la chaise et la table de l'enseignant,
l'autre se précipite vers lui pour lui porter ses affaires et les poser sur son
bureau.
Le
professeur fait signe aux élèves de s'asseoir, trois élèves proclament «silence!»,
«silence!» et le cours commence. L'objectif de la séance vient d'être donné
«aujourd'hui, nous verrons la composition et le fonctionnement de l'appareil
circulatoire». Après quelques explications orales, le cours est dicté par le
professeur. A mesure que la dictée avance, des mots de vocabulaire sont écrits
au tableau, le plan de la séquence également. Le cours magistral ne laisse que
peu d'opportunités à l’élève de poser des questions à l'enseignant. Le silence
règne. Je suis impressionnée par la manière dont les élèves prennent le cours!
Dès qu'un mot est écrit au tableau, il est automatiquement écrit en rouge! Les cahiers
sont tous très bien tenus, même ceux des garçons! Personne ne semble vouloir perdre
une miette du cours : dès que le professeur s'approche du tableau, tous les élèves lèvent
leurs yeux en direction de l'enseignant. Les élèves sont tellement attentifs
qu'ils ne prêtent même pas attention aux chèvres qui viennent les saluer en
passant leur tête par les fenêtres ouvertes de la salle de classe!
Déjà
1h45 de dictée entrecoupée par quelques brèves explications...Le professeur
annonce qu'il est temps de faire un petit exercice. Il écrit sur le tableau le
résultat d'une expérience et pose une question. Très rapidement deux, trois
puis dix mains se lèvent et, en claquant des doigts, certains élèves proclament «moi!»,
«moi!». L'enseignant interroge deux personnes. Le temps d'échanges questions-réponses n'aura duré que dix
minutes sur les deux heures de cours de SVT! Dans ces conditions, il faut reconnaître qu'il est bien
difficile de comprendre tout le cours. Là, je me rends compte, en effet, que
peu ont acquis les notions du cours précédent. Pire encore, certains élèves s'expriment
difficilement en français. Je me demande alors comment ils ont pu prendre en
note le cours!....Pourtant personne, durant le cours, n'a osé interrompre le
professeur....
Le programme
de SVT pour le BEPC est très dense. Les enseignants n'ont pas le choix. Comme
les élèves n'ont pas de manuel, il faut que tout le cours soit dicté! Le
professeur, désolé, m'annonce que seuls 50% des élèves auront leur BEPC à la fin de l'année! Il me précise aussi que
les élèves ont accès à la bibliothèque de l'école ce qui peut leur permettre de
compléter leurs cours. Dans cette classe de 80 élèves, je note une très grande
hétérogénéité des élèves car bien que plusieurs ne maîtrisent pas très bien le
français, je suis surprise par la pertinence de certaines questions. Les
classes surchargées, le manque d'outils pédagogiques, les programmes denses et
les petites salles de classe font qu'il est difficile même pour un élève
extrêmement motivé de réussir
scolairement.
Merci à Emile, Philippe,(l'enseignant
de PC qui fait les deux lycées), Toni, madame Zinaba et surtout un grand merci
à Samuel et Hélène pour m'avoir fait découvrir les réalités du métier
d'enseignant en Afrique.